Sans emploi - Dix-huit ans - Personnage réservé à pililao
Eurosie Zulpha. Fille de l’ambassadeur de la Somalie en Angleterre. Issue d’un milieu aisé, Eurosie a grandit dans le luxe et la richesse. Elle n’a jamais manqué de rien. Ses désirs devenaient réalités avant même qu’elle n’ait l’occasion de les formuler à haute voix. Pourtant, Eurosie n’est jamais tombée dans le cliché de la petite fille pourrie gâtée. Sa mère avait passé un temps fou à lui inculquer les valeurs de la vie et Eurosie avait toujours su apprécier la chance qu’elle avait. Respectueuse et bien élevée, la jeune Somalienne a toujours été la plus grande fierté de sa famille. Du moins, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge d’entrer dans le secondaire.
Cette période fut la plus marquante de sa courte existence. Lynchée et victime de moqueries à cause de sa couleur de peau, Eurosie a rapidement développé un véritable complexe. Jugée comme trop foncée, elle était la seule Africaine de son école privée. Malheureusement, ce racisme se poursuivit également en dehors des murs de son établissement scolaire. Passionnée par la boxe, Eurosie dut abandonner lorsqu’elle fut la terrible victime d’un bizutage de la part des plus vieux.
‘Est-ce qu’on te voit dans le noir ?’ ‘Est-ce que tu pourrais être plus claire si on frottait ta peau ?’ ‘Ce sont tes vrais cheveux ?’ Les mots cruels ne manquaient pas. Souvent, les gens n’avaient même pas conscience de la portée de leur méchanceté. Pour eux, lui parler à longueur de temps de ses « faux » cheveux n’était pas perçu comme du racisme. Avec le temps, Eurosie finira par les croire. C’était sa faute si elle n’était pas plus clair. C’était sa faute si ses parents avaient un accent. C’était sa faute si elle n’était pas née blanche. Tout était sa faute. Comment pouvait-elle blâmer les autres alors qu’elle était l’unique responsable de son malheur ? Alors pour se défendre, Eurosie appris à se moquer d’elle-même. Cachant son chagrin derrière l’auto-dérision – du moins c’était ce qu’elle pensait que c’était – elle était la première à se rabaisser. Elle espérait qu’en prenant les devants, elle pourrait éviter les autres de l’atteindre par la cruauté de leurs remarques.
Passionnée par les études, elle était toujours la première de sa classe. Cette faculté l’aida à intégrer un petit groupe d’amis. Au départ, elle ne servait qu’à leur souffler les réponses lors des contrôles. Puis, peu à peu, Eurosie se mit à les suivre comme leur ombre. Rachelle, Nashween, Arthur et Louis devinrent sa vie tout entière. S’accrochant à eux tel une bouée de sauvetage, elle voyait en ce groupe d’amis son unique espoir de ne pas devenir une paria. Perdant son identité, elle devint une véritable garce au fil du temps. Délaissant l’éducation portée sur le respect d’autrui et l’amour de la vie de ses parents, Eurosie se transforma en tout ce qu’elle détestait le plus au monde. Hautaine, mauvaise et moqueuse, ce fut à son tour de malmener les autres. Protégée par ses prétendus amis, elle se sentait capable de tout. Souvent, elle n’avait même pas conscience de la gravité de ses actes. Ce fut le cas avec Louise, lorsqu’à son retour des vacances d’hiver, elle participa à son agression. Sur le coup, Eurosie s’en amusa. Elle s’en délecta. Elle eue l’impression d’avoir enfin une certaine emprise sur les autres. Aujourd’hui encore, la jeune Zulpha ne sait pas à quel point elle a détruit Louise. Pour elle, ce n’était qu’une petite blague sans importante. Une fois les rôles inversés, Eurosie perdit toute lucidité.
Ayant obtenu son diplôme du secondaire l’an passé, Eurosie est aujourd’hui à la recherche d’une école qui voudrait bien d’elle. En effet, son obsession pour se faire accepter par un plus grand nombre eu raison de ses résultats qui furent tout juste suffisants pour qu’elle puisse quitter le lycée.
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